Étienne Burnet le Tunisien – Itinéraire mouvementé d’un pastorien philosophe

Étienne Burnet (1873-1960), un intellectuel français né dans le Marne, est célèbre par ses travaux de bactériologie, ses essais littéraires et philosophiques, son engagement auprès des causes humanistes du début du XXème siècle, il a été témoin et acteur influent d’une époque marquée par les deux guerres mondiales, l’affrontement des idéologies, la décolonisation et la libération de la femme, mais aussi le triomphe de la science avec la révolution de l’atome, les découvertes dans le domaine vaccinal et de l’immunologie à l’institut Pasteur, la lutte contre la contagion et les épidémies mondiales.

Après une jeunesse brillante et studieuse, il intègre l’Institut Pasteur de Paris en 1903 et devient en 1907 l’assistant d’Élie Metchnikoff, père de la doctrine immunologique. Il est mobilisé pendant la Première Guerre mondiale et épouse, en 1918, une jeune réfugiée russe. En 1919, il séjourne à Tunis, alors sous protectorat français, où il occupe le poste de directeur de l’hygiène de la ville de Tunis avant d’être nommé sous-directeur de l’Institut Pasteur de Tunis en 1921, poste qu’il quitte en 1928 pour l’Organisation d’hygiène de la Société des Nations. De retour à Tunis (1936-1943), il succède à Charles Nicolle à la tête de l’Institut Pasteur. Mais l’arrivée des troupes allemandes en 1942 précipite une série de conflits, ce qui lui vaut, après leur départ en 1943, une mise à la retraite d’office par le Résident général français. Depuis, il se retire dans sa villa de Hammamet pour se consacrer pleinement à l’écriture, tout en gardant de solides attaches avec d’éminentes personnalités tunisiennes patriotes, à l’instar de la première femme médecin Tawhida Ben Cheikh, ce qui lui coûtera d’être victime de la « Main rouge ».
Normalien, agrégé de philosophie, médecin-microbiologiste, son œuvre éclectique est en elle-même suffisante pour faire connaître cet humaniste engagé, élève d’Henri Bergson et d’Élie Metchnikoff, qui a voué sa vie à la connaissance de l’Autre.
« Sa vie est dans son œuvre et son œuvre est dans sa vie. » Il est décédé à Tunis le 20 décembre 1960 et inhumé à l’Institut Pasteur de Tunis, non loin de Charles Nicolle.